LE CARNET DANS LA BAIGNOIRE
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Expérimentation de Sandrine Barciet
Remerciements : Julie Denisse, Marie Lamachère, Anna Milani, Aurélie Namur et Valérie Julien
Grognon Frères
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1 – Postulat 1
assez tôt je me soucie fortement de théâtre mais pas d’intermittence ni d’assedic, et longtemps je gagne ma vie grâce à divers métiers, assistante de vie entre autres (travail d’aide à domicile auprès de personnes âgées en état de dépendance, momentané ou définitif). Parallèlement j’écris depuis toujours – des textes, notes, réflexions, poèmes, élucubrations – je tiens alors un journal de bord, à la fois pour la mémoire, l’entraînement, et le bonheur d’écrire. Il s’agit de notes quotidiennes, descriptives, sur le travail et la relation avec ces personnes. La narration est elliptique, qui est le propre du journal, sous-tendue du regard naïf de la jeune adulte que je suis alors, désireuse de trouver comment appréhender la vie (1993 à 1997).
2 – Contexte 1
2003, la canicule, la mort de nombreuses personnes âgées qu’on n’a plus le droit d’appeler des vieux, la culpabilité, le remords, la recherche de bouc émissaire pour expier. J’ai besoin de réagir. Je retrouve mon carnet, et commence à réfléchir aux possibilités d’un spectacle, et lequel. Après plusieurs périodes de travail et recherche, j’aboutis à une forme expérimentale qui se compose du texte du journal et de nouveaux textes complétant la narration, de deux personnages – l’assistante de vie et un «clochard céleste» personnage de théâtre à la fois visible et invisible, évocation de la vieillesse et du théâtre, d’une bande sonore mêlant des passages de films du XXème siècle et de contes de fée, d’une musique originale qui intervient en contrepoint comme un troisième personnage, le tout fabricant un univers impressionniste sur l’’‘être vieux’’ (Vieillesse, vieillesse ! créé en 2007 au Printemps des Comédiens et tourné jusqu’en 2009 dans l’Hérault, en Italie et en Roumanie).
3 – Contexte 2
sollicitée depuis pour des lectures du carnet originel ainsi que pour des interventions seule, et au vu des réactions enthousiastes du public et des débats intenses que cela occasionne, je me prends à rêver à une nouvelle forme, une seconde version, solo peut-être, non pas un aménagement du premier spectacle, mais un nouveau, partant d’un autre endroit de perception, avec son propre moteur et son principe de construction.
4 – Postulat 2
je repars donc de rien, ou du seul carnet, pour une nouvelle exploration qui ré-interroge le fond, la forme, la direction, les enjeux. Comment regarder différemment un même matériau ? dès lors, quelle issue, quel devenir, quelle création apparaîtra ? Quels fils invisibles devront être tirés pour que se réunissent le sacré et le profane ? dans quelle cérémonie ? pour quel partage ?